Allocution du DSC CGT d’AREVA TD rassemblement du 23 novembre

PERSONNE NE POURRA DONC DIRE QU’IL NE SAVAIT PAS
mardi 24 novembre 2009
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Chers camarades, chers collègues,

S’il est encore trop tôt pour savoir à quels niveaux les arrêts de travail que nous avons lancé à travers tout le périmètre seront suivis, il est indéniable que ce rassemblement est d’ores et déjà un succès.

En vous voyant aujourd’hui si nombreux réunis, si déterminés, il apparait évident que cette journée d’action, qui s’inscrit dans la suite logique de toutes celles menées depuis mai dernier, va compter dans le rapport de force qu’il nous est nécessaire d’amplifier afin de faire échec au projet de vente d’Areva T&D.

Je voudrais au nom de la CGT saluer particulièrement la présence de :

  • nombreux salariés de Petit-Quevilly et des sites Parisiens
  • la délégation de Lattes l’une de nos filiale,
  • les salariés de St Ouen venus nous apporter leur soutien
  • les dizaines de militants CGT, CFE-CGC et de FO de T&D SAS venus de tous les sites français
  • les camarades militants des autres branches du groupe solidaires avec nous
  • Philippe Martinez secrétaire général de la métallurgie CGT
  • Bernard Devert représentant du bureau fédéral de la fédération CGT de la métallurgie.
  • Marie Claire Cailletaud de la fédération de l’énergie.
  • Bruno Blanchon membre CGT du bureau du CGE
  • Gérard Melet représentant CGT au Conseil de Surveillance.
  • Alain Roumier, coordinateur CGT du groupe
  • Nous souhaitons également envoyer notre salut fraternel à nos camarades européens qui luttent eux aussi contre ce projet de démantèlement.
  • Et je m’excuse par avance pour toutes celles et ceux que j’aurai oublié

Tous venus pour dire non à un projet de démantèlement
d’un des fleurons de l’industrie mondiale.

En juin dernier, le Conseil de surveillance du groupe AREVA, poussé par l’Etat qui est majoritaire à plus de 90%, a demandé l’étude de la vente de la branche T&D.
La raison invoquée pour justifier cette vente est de répondre au besoin de financement pour poursuive le développement du groupe.
Ceux-ci sont estimé à environ 11 milliards d’euros d’ici 2012.
Or le groupe Areva est en passe d’avoir déjà trouvé pratiquement l’intégralité de cette somme.
L’expertise diligentée par le comité de groupe et le comité central d’entreprise en atteste et démontre qu’un complément de 500 millions à 1 milliard serait suffisant pour boucler le plan de financement.

A qui ce gouvernement fera croire qu’il n’a pas 1 milliard à investir dans une entreprise en pleine croissance lui qui a distribué les milliards à foison à des banques déficitaires ?

Cette même expertise indique également qu’il est suicidaire pour le groupe de se priver de l’apport technologique, économique et humains que lui apporte l’activité Transmission et Distribution.

Areva T&D s’est aujourd’hui :

  • 40% du chiffre d’affaire total du groupe
  • c’est un résultat opérationnel de 560 millions d’euros en augmentation de 41% sur un an
  • c’est une marge opérationnelle de 11%
  • c’est 30 000 salariés à travers le monde
  • c’est pour la France 5000 emplois directs et probablement au minimum près du double induits.

Pour arriver à ces résultats que nous pouvons qualifier de très bons en matière économique, les salariés de T&D ont déjà payé un lourd tribu.

  • Fermetures de sites avec leurs cortèges de suppressions d’emplois.
  • Délocalisations
  • Externalisations
  • Dégradations des conditions de travail.

Malgré cette évidente complémentarité le gouvernement semble vouloir s’entêter dans sa volonté de vouloir priver le groupe Areva de sa filiale.

D’autres par contre en ont très bien saisi l’importance stratégique.
Plusieurs groupes industriels français et étrangers ont déposé une offre ferme et définitive le 9 novembre dernier quand à l’acquisition de cette dernière :

  • un consortium français composé d’Alstom et de Schneider,
  • un autre composé du géant américain Général Electric,
  • ainsi que le groupe japonais Toshiba adossé à un fond d’investissement INCJ.

Tous disent vouloir apporter des garanties de développement industriel et social. Mais là aussi la réalité est tout autre comme le montre toujours l’expertise de notre CCE qui présente de façon détaillée chacun des potentiels repreneurs avec leurs projets d’acquisition.

Quel que soit ce dernier tout indique clairement que nous allons droit vers une catastrophe industrielle, économique et sociale, à l’échelle européenne, voir mondiale.
Les risques de disparitions de sites de production comme d’ingénierie, avec leurs lots de destructions massives d’emplois et de pertes de savoirs faire, sont nettement identifiés.

Cette situation que nous vivons dans Areva T&D confirme ce que nous déplorons au niveau national depuis plus de 20 ans, à savoir que notre pays souffre de l’absence d’une véritable politique industrielle. Pourtant sans industrie pas de développement possible de l’économie.

N’est ce pas rageant de voir qu’au moins pour 2 postulants, et ils sont hors communautaire, que ceux-ci ont une vraie vision stratégique, et ont perçu tous les enjeux liés à notre activité, alors que notre gouvernement lui est prêt à la sacrifier ?

N’est ce pas un comble de voir Toshiba, groupe privé, soutenu par son gouvernement, et de l’autre Areva, groupe public, abandonné par l’Etat Français ?

N’est ce pas un comble de voir Schneider, Toshiba et GE aujourd’hui largement derrière nous en matière de T&D qui pourraient nous racheter (pour mémoire Areva T&D est n°3 mondial) ?
En cas de vente, ce serait le « petit » qui « mangerait le gros ». Un comble dans l’économie capitaliste !

Comment le gouvernement peut il, sans débat, et au moment où il lance des assises nationales sur l’industrie, maintenir sa volonté d’imposer la vente T&D ?

L’Etat actionnaire devrait plutôt jouer tout son rôle pour qu’Areva ait les moyens de se développer dans le cadre d’une réelle politique industrielle publique basée sur la satisfaction des besoins immenses à travers le monde et au service de la collectivité.
Notre organisation porte ces exigences.

Depuis l’annonce de ce projet la CGT, mais aussi d’autres organisations, ont multiplié les démarches auprès des parlementaires et des pouvoirs publiques afin de créer les conditions d’un véritable débat national sur les enjeux de la filière.

Dans de nombreuses localités des maires, des députés, des conseils généraux et régionaux se sont exprimés clairement contre ce projet.

Même parmi les élus de la majorité gouvernementale le malaise est perceptible, parce qu’ils savent que les conséquences seraient terribles et qu’ils auront à rendre des comptes aux salariés et aux populations.

Voici en intégralité les propos tenus par un membre de la majorité qui déclarait dans les travaux de la commission des finances de l’assemblée nationale je cite :

« Comme nombre de mes collègues, j’ai le sentiment que nous vendons les bijoux de famille » dans un secteur hautement technologique et innovant alors qu’un bon positionnement sur le marché implique de disposer d’une masse critique importante. Dans ces conditions, je crains que notre pays ne s’affaiblisse et que l’on aille droit au naufrage ! ».

PERSONNE NE POURRA DONC DIRE QU’IL NE SAVAIT PAS

Notre confédération vient à nouveau collégialement avec nos fédérations de la métallurgie et de l’énergie de demander aux ministres de l’industrie et de l’économie se surseoir à ce projet et à Anne Lauvergeon de donner des moyens qui permettent à toutes les organisations syndicales de T&D au niveau mondial de pouvoir se réunir et d’échanger sur la situation actuelle.

Dans le même temps de façon complémentaire nous avons travaillé et continuons à le faire, là aussi le plus souvent dans l’unité syndicale la plus large, notamment avec l’outil indispensable qu’est le CGE à fédérer, et à créer les conditions de la mobilisation partout où elle est possible.

Notre organisation acte aussi positivement du positionnement public d’une partie du management contre ce projet.
Ceci est un acte majeur.
Même si nous ne défendons pas les mêmes intérêts, il est tout de même assez rare pour que cela mérite d’être souligné, de voir une grande partie de la direction donner du crédit aux analyses exprimées par l’ensemble des organisations syndicales et leurs experts.

Ces prises de positions et ces mobilisations sont autant de points d’appuis pour poursuivre la bataille afin de faire reculer le gouvernement.

Mais pour autant ce combat ne doit pas rester cantonné aux frontières de T&D.
Il doit s’élargir aux autres filiales du groupe.

Derrière ce projet de cession se profile de manière de plus en plus évidente un démantèlement encore plus large du groupe.

C’est à une véritable recomposition de la filière à laquelle nous sommes confrontés.

Areva n’est pas le groupe idyllique dont il veut donner l’image.
Areva restructure,
Areva discrimine,
Areva individualise,
Areva maltraite son personnel, l’exploite comme tous les autres groupes capitalistes comme le montre le niveau des augmentations de salaires qui sont proposées à travers tout le groupe et notamment chez T&D SA.
Areva applique aussi la politique antisociale du Medef et de l’UIMM dont Mme Lauvergeon est un membre actif.

Nous ne sommes pas naïfs.

Nous savons que rester chez Areva n’est pas un gage de sécurité pour notre avenir. Mais nous savons aussi qu’être vendu est l’assurance d’aller au devant d’un massacre industriel et social sans précédent.

Cette vente n’est pas inéluctable !
Nous pouvons encore l’empêcher !

Jusqu’au dernier moment nous devons tenter de forcer la décision !

Contrairement au propos de Mme Lagarde
T&D est non seulement utile,
mais indispensable au développement du groupe Areva.

La CGT appelle au-delà des frontières hexagonales l’ensemble des organisations syndicales à poursuivre et à amplifier la lutte dans tout le groupe, et très rapidement à créer les conditions d’un nouveau temps fort d’action.

Merci de votre attention.